L'exploitation des bandes dessinées en classe de FLE est déjà classique et ses vertus n'ont pas besoin d'être démontrées. Les BD sans texte sont peut-être moins utilisées que celles à texte. Au fil des ans j'en ai collectionné un grand nombre, trouvées dans l’hebdomadaire satirique hongrois Ludas Matyi, paru dans les années 1947-1992, dont on peut télécharger d'ici (les BD de 1 à 18 sont de Pál Pusztai, les BD 19 et 20 de Ferenc Sajdik, et la dernière de György Várnai). Je prépare les BD de manière à ce qu'on puisse les projeter ou les distribuer en photocopies, vignette par vignette. La démarche que j'ai adoptée pour les exploiter est la suivante: 1. Exploiter la première vignette. On projette la première vignette ou on en distribue les photocopies. Dans le cas d'élèves de niveau débutant ou moyen, on pose des questions visant la situation et tous les détails de l'image. À cette occasion, on introduit les éléments de langue inconnus aux élèves. L'image donne l'occasion et la possibilité de le faire de la façon la plus naturelle et la plus efficace possible, car elle répond au besoin immédiat pour les élèves d'exprimer quelque chose qu'ils ne pouvaient pas exprimer jusque-là et, dans le même temps, la présentation peut se faire de manière intuitive, sans recours à la langue maternelle. À un niveau avancé, on demande d'abord aux élèves de décrire l'image dans la mesure de leurs possibilités, en se complétant les uns les autres, le professeur posant des questions visant seulement les détails qui leur échappent. 2. Demander de deviner ce qui suit. On le fait faire en stimulant les élèves à émettre le plus d'hypothèses possible. Le plus incitant, c'est, bien sûr, de deviner la fin, la pointe de l'histoire. Au cours de cette étape aussi on fournit aux élèves les éléments inconnus nécessaires, cette fois sans l'avantage de la présentation fondée sur l'image. Même après l'exploitation de la dernière vignette on peut continuer à faire appel à l'imagination des élèves, en leur demandant d'inventer le plus de suites et de dénouements possible. On procède avec toutes les vignettes de la même manière que ci-dessus. 3. Faire raconter. Si la première étape de l'activité a plutôt un caractère descriptif, la seconde et surtout la troisième contribuent à développer la capacité à construire une narration. Tout d'abord on demande aux élèves un titre pour l'histoire. On choisit le meilleur parmi plusieurs proposés. On fait d'abord construire une phrase par élève, pour le moment dans la variante la plus simple de la narration, c'est-à-dire au présent et à la 3e personne. Pour que la narration soit continue, dans le cas de certaines B.D. il peut être nécessaire de faire raconter également des séquences de l'action qui ne sont pas représentées graphiquement (ce qui se passe entre deux vignettes successives). À cette occasion on introduit, pour les débutants, ou on demande d'utiliser, à un niveau plus avancé, les connecteurs spécifiques à la narration: d'abord, puis, ensuite, à un moment, à ce moment-là, alors, finalement, etc. On insiste en même temps sur la succession et l'enchaînement logiques des événements, ainsi que sur l'élimination des éléments descriptifs superflus à ce stade de l'activité. Il ne faut pas négliger l'emploi correct des articles indéfinis et définis, et il convient de faire éviter les répétitions par l'utilisation de pronoms. Une fois cette étape franchie, on demande aux élèves de créer des variantes de la narration. D'abord on change la personne du narrateur. Chaque personnage deviendra narrateur à son tour. Le passage de la 3e personne à la 1ère, rend la narration subjective; c'est pourquoi on insiste sur son expressivité, ce qui est exigé par l'implication directe du narrateur. Ensuite on change le temps de la narration du présent au passé. Ainsi, dans le cas du français, on fait exercer l'emploi correct du passé composé et de l'imparfait, ainsi que la concordance des temps. 4. Dialogue. Certaines BD sans texte se prêtent à faire imaginer et jouer de brefs dialogues entre personnages. 5. Aller plus loin à l'oral. À un niveau avancé, la narration peut être suivie d'une conversation libre, où les élèves émettent des commentaires, des opinions sur l'histoire et les personnages, en disant ce qu'ils auraient fait à leur place ou en tirant une morale. 6. Production écrite. Après son exploitation orale, la BD peur servir de support pour la rédaction d'un texte narratif.
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